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        2 months ago

        Sinon à titre perso j’ai toujours trouvé que se dépasser c’était un truc de droite. Déjà parce que c’est un peu comme si on se doublait soi-même, ça veut dire qu’on veut faire de soi-même son propre vainqueur mais aussi son propre perdant. On peut facilement convenir de la dimension un brin sado-maso à regarder son moi d’avant et de lui dire ah t’es un gros nul, il a rien fait pour mériter ça.

        C’est pas agréable.

        Si on est un peu snob on pourrait dire que perséverer dans son être est une manière un peu plus stylée de dire la même chose. Mais qu’est-ce ce que ça veut dire ? Est-ce qu’on éprouve vraiment son essence d’humain quand l’on choisit la performance comme indicateur d’existence ?

        Peut-être, j’en sais rien. Sûrement si ça rend content, si ça permet d’accéder à la joie (qui est un peu l’objectif de base). Après tout on peut se dire que ça reste u e modalité contemporaine pour y arriver.

        En tant que communiste ayant une VO2max pas ouf, j’avoue moyennement adhérer à cette perspective et même considère qu’on gagnerait à en trouver d’autres à pratiquer collectivement afin qu’on puisse, à la fin, suivre la même expérience qu’InoxTag : être content (sans avoir à dépenser + 50 000 euros).

        • fromaj_debite@lemmy.world
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          2 months ago

          Le dépassement n’est pas un truc de droite. Sinon les hommes (de droite) n’évolueraient pas, étant donné qu’ils sont conservateurs par essence, par exemples sur les sujets sociaux.

          • Klaqos@sh.itjust.worksOP
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            2 months ago

            La rhétorique réactionnaire pointée par Albert O. Hirschmann montre effectivement que les hommes de droite n’évoluent pas. Quand il y forme de subversion, c’est toujours au service d’un fond de conservatisme. La méthode bouge, l’objectif reste le même.

        • Camus [il/lui]@lemmy.ca
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          2 months ago

          Sinon à titre perso j’ai toujours trouvé que se dépasser c’était un truc de droite.

          Pareil

            • Klaqos@sh.itjust.worksOP
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              2 months ago

              Carrément. Ça permet complètement de s’intégrer en tant que terreau de valeurs dans l’extrême-violence du marché du travail japonais et la promotion d’un traditionalisme identitaire d’extrême-droite caractérisant cette société.

              D’ailleurs, sur ce genre d’emphase viriliste, du sacrifice de soi-même etc… mon grand kiff restera les foutage de gueule du faussement patriotard Starship Troopers de Verhoeven et son pendant littéraire pseudo nazifiant Rêve de fer de Spinrad.

          • Krakaval@jlai.lu
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            2 months ago

            J’ai du mal à saisir pourquoi se dépasser devrait être de droite (ou de gauche). Aller gravir l’Everest c’est avant tout un problème d’ego, peut être que c’est vu comme de droite parce que de nos jours un paquet d’argent garantit quasiment d’y arriver ?

            Que le moi de demain soit un peu mieux que le moi d’aujourd’hui (sans forcément viser les sommets) c’est nécessaire. Pas seulement sportivement mais aussi mentalement. C’est ce qui donne envie d’apprendre de nouvelles choses, de reprendre le sport, de faire un peu plus attention à ce qu’on mange, de moins polluer, de sa lancer dans de nouveaux hobbys, dans des assoc, etc. L’opposé c’est le déclin. Non ?

            • Klaqos@sh.itjust.worksOP
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              2 months ago

              C’est justement l’objet du post. Se dépasser est une vision hégémonique aujourd’hui en matière de représentation, on dit que c’est de droite parce qu’elle coïncide parfaitement avec les attendus du capitalisme : célébration de l’individualité, recherche de profit, accumulation de compétences pour du toujours plus sans rien derrière.

              On peut même pousser l’idée et l’illustrer en faisant de ces discours d’inspiration, de reprise en main, la poursuite contemporaine de la théorie de la prédestination protestante en lien avec l’essor du capitalisme chez Max Weber (éthique protestante et esprit du capitalisme). Le journaliste parle d’Ulysse alors qu’il fait la retape tout au long d’un self made man très classique qui a capitalisé son public comme n’importe quelle ressource économique.

              Ton moi d’hier peut être très bien, celui d’aujourd’hui sera différent, dire mieux c’est partir du principe que le vécu enrichit forcément. Ensuite l’apprentissage est précieux mais il n’empêche pas forcément de devenir violent, de devenir aigri, de devenir mesquin etc, tout ça c’est un travail qui ne s’achève jamais (d’où d’ailleurs l’importance des rites dans les religion qui rappellent sans cesse la place des humains par rapport a(ux) Dieu(x)).

              Par exemple, je peux dire que mon moi de quand j’avais 4 ans était au top : pas encore aigri, encore enchanté, dynamique et généreux. Aujourd’hui je sais faire plus de choses, vais plus vite, contribue au monde comme tout le monde, mais j’aimerai aussi redevenir aussi bien au moins en tant que personne que ce gamin de 4 ans, du moins y tendre. Dès lors la boucle est infini, peut-être que dans 10 ans je réaliserai que j’étais plus un connard que ce que j’imaginais et aurait un nouveau référentiel etc…

              Souhaiter se dépasser pour moi revient à se fuir sans jamais questionner les raisons qui te conduisent à être ce que tu es. Et peut-être pire même car dans cette fuite, tu renforces peut-être les raisons qui t’ont pousser à te fuir toi-même. Là ça peut foutre le vertige mais ceux qui prennent des prods me comprendront car les stupéfiants sont ce qui incarnent le mieux ce trajet. D’où leur succès. Jpense qu’il y a aussi cette dimension dans le récit capitaliste de la recherche d’inspiration et en l’occurrence c’est très clair quand tu vois InoxTag réaliser que son défi et sa recherche d’authentificité c’est faire la queue sur une crête au sommet de l’Everest.

              • Krakaval@jlai.lu
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                2 months ago

                Merci pour cette longue explication détaillée, je comprends mieux la vision. Les enfants sont de meilleurs humains que bien des adultes. Ils ont cette pureté de l’innocence leur permettant de vivre pleinement les instants présents.

                on dit que c’est de droite parce qu’elle coïncide parfaitement avec les attendus du capitalisme : célébration de l’individualité, recherche de profit, accumulation de compétences pour du toujours plus sans rien derrière.

                Il y en a qui « plaquent tout » pour se consacrer à des causes nobles, qui ont plus de sens que leur vie de travailleur. Je trouve ça courageux et ce saut dans l’inconnu est aussi un dépassement de soi. Serait-ce égoïste ? Même si l’ouverture d’une petite épicerie bio bénéficierait davantage à la communauté qu’un travail de bureau (qui lui enrichit un patron) ?

                Pour L’Everest, quand ils atteignent le sommet, what else ? C’est quoi l’objectif suivant ?

                • Professeur Falken@jlai.lu
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                  2 months ago

                  Pour L’Everest, quand ils atteignent le sommet, what else ? C’est quoi l’objectif suivant ?

                  La Chine, à pied.

          • Narann@lemmy.world
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            2 months ago

            C’est surtout le fait d’en faire une valeur qu’on affiche partout qui pose problème.

            La conséquence c’est que l’imaginaire autour du dépassement de soi passe par une liste finalement assez réduite d’expériences (dont l’Everest en est peut-être le premier élément).

            Avoir une liste réduite et « communes » d’expériences supposées te permettre de te dépasser, c’est faire un classement commun. On est déjà plus dans le dépassement de soi, mais vraiment une échelle commune. C’est l’inverse.

            Le dépassement de soi c’est se demander ce qu’on a jamais voulu/osé/jamais eux le temps de faire de difficile et qu’on aimerait faire/pousser, pour soi, d’après sa propre échelle. En principe, avec une telle définition « monter l’Everest » tombe dans la catégorie des trucs aussi cons qu’avoir une Tesla ou un SUV quand on est CSP+ : Un cliché.